Quête initiatique
Ce premier long métrage réalisé par Travis Knight, un génie de l'animation en stop-motion qui passe pour la première fois derrière la caméra et signe ainsi le quatrième long métrage du studio Laika dont il est le président et le directeur général, est une merveille visuelle - le studio nous a habitués à cela - et exécute un parcours presque sans faute quant à son récit... là où le bât a blessé pour ParaNorman (2012) et The Boxtrolls (2014).
L'ouverture, épique en images et en musique, campe immédiatement les lieux, le temps, le genre. Nous sommes dans le Japon médiéval, le récit sera fort en thèmes et en symboles, et il sera sombre.
Une jeune femme dérive sur une mer déchaînée. Son esquif chavire. Sa tête heurte violemment le fond marin. Inconsciente, elle gît sur la plage. Revient à elle. Rampe jusqu'à ce qui semblait être son bagage. C'est un bébé. Dont l'un des yeux est recouvert d'un cache-oeil. L'enfant, Kubo, grandit. Il prend soin de sa mère, qui n'est jamais vraiment redevenue elle-même. Jour après jour, il descend au village, crée des personnages en origami et, s'accompagnant de son shamisen, leur invente un destin, une histoire. C'est ainsi qu'il se procure nourriture et autres articles essentiels. Existence paisible. Jusqu'à ce qu'il invoque involontairement un esprit maléfique venu du passé. Pour lui échapper, le garçon doit retrouver l'armure, le casque et l'épée de son père, grand samouraï disparu. Ce sera sa quête, qu'il mènera en compagnie de deux « personnages » ensorcelés Madame Singe et Scarabée.
En version originale, une distribution vocale absolument renversante sert ce trio improbable. Art Parkinson (Rickon Stark de Game of Thrones) est vibrant et naturel en Kubo. Charlize Theron est la star de chaque seconde où Monkey, bien moins cynique et désabusée qu'elle ne veut le laisser paraître, ouvre la bouche. Et Matthew McConaughey est hilarant en Beetle, ce samouraï-scarabée aussi sérieux qu'il est involontairement drôle. Les sœurs maléfiques et le méchant Moon King, interprétés par Rooney Mara et Ralph Fiennes, sont eux aussi délicieux.
À noter pour finir l’intéressant générique de fin qui voit s’animer le storyboard crayonné et présente un court making of qui montre quelques techniques d’animation employées pour le film.