Comme dirait l’autre, on a vu la bête ! Et dans l’équipe, on a aimé, et même beaucoup aimé pour certains. Première réflexion après vision du film : si l’homme appartient à la famille des grands singes, les Vikings de The Northman semblent quant à eux avoir plus de points communs avec une meute de loups. Il est vrai que le nouveau film de Robert Eggers – auteur de l’envoûtant The Lighthouse – dépeint un univers d’une telle férocité animale qu’on aurait bien du mal à le comparer à d’autres œuvres du même genre et c’est tant mieux ! On pense par contre au maître des représentations visuelles de la fantasy, le peintre Frank Frazetta et ses couvertures de romans, de Tarzan à Conan le Barbare. Le film est donc très inspiré visuellement et on reste pantois devant certaines scènes où tous les éléments graphiques (lumière, costumes, décors, paysages et effets spéciaux) s’accordent magistralement.
Nous sommes en 895. Une flotte de drakkars s’approche de l’île du Roi Aurvandil, qui revient avec de nouveaux esclaves. Son jeune fils Amleth (oui, c’est la « vraie » histoire d’Hamlet) l’attend avec ferveur. Son fils, mais aussi sa femme Gudrun. Le soir, lors du grand banquet, le roi avoue à son épouse qu’il est blessé, sans doute mortellement. Le lendemain, lui et son fils se rendent au temple d’Odin pour l’initiation sacrée où l’on rencontre son animal totem. À la sortie, dans la neige, le frère du roi, Fjölnir, leur tend une embuscade fatale. Mais Amleth réussit à s’échapper…
Deux décennies plus tard, Amleth est devenu un Berserkr, un guerrier viking capable d’entrer dans une fureur bestiale. Avec son clan, il pille des villages slaves jusqu’à ce qu’une devineresse (incarnée par la chanteuse Björk) lui rappelle le serment de son enfance : venger son père, sauver sa mère, tuer le meurtrier. Il embarque alors sur un bateau pour l’Islande et arrive, avec l’aide d’Olga, une jeune Slave prisonnière, sur les terres de son oncle…
Écriture du scénario, sur la base de légendes et récits historiques, avec le concours d’un panel d’archéologues et autres spécialistes de la culture viking ; volonté d’extrême exactitude ; distribution largement nordique – l’acteur principal, le suédois Alexander Skarsgard étant au passage aux origines du projet – ; tournage en conditions extrêmes ; bande originale composée quasi uniquement avec des instruments d’époque ; décors fabriqués selon des méthodes traditionnelles vikings ; armes forgées manuellement une à une sous la supervision d’historiens… Robert Eggers a décidé de prendre son sujet très au sérieux, conférant ainsi à son œuvre une dimension « anthropologique » qui donne du sens et de l’épaisseur à chacune des séquences du film.
Alors oui, on ne vous cachera pas que ça crie, ça braille même pas mal pendant 2h17, que ça ne fait pas vraiment dans la dentelle quand il s’agit d’éradiquer jusqu’au dernier des villageois, femmes et enfants compris, mais sans jamais sombrer dans la complaisance et toujours dans un souci de montrer la barbarie dont faisait preuve ce peuple quand il s’agissait de revendiquer son pouvoir ou annexer un territoire. Les choses ont-elles vraiment changé aujourd’hui… ?
Vous n’avez sans doute pas fini d’entendre parler des muscles saillants du sculptural Alexander Skarsgard, aussi puissant qu’un ours. On préférera de notre côté retenir le retour de Nicole Kidman, envoûtante en reine viking, et la grâce mystérieuse de la jeune actrice Anya Taylor-Joy, en sorcière protectrice, gardienne du Valhalla.