Adapté du roman homonyme de Raymond Chandler (son avant-dernier) par la grande Leigh Brackett, celle-là même qui avait signé le scénario du Grand Sommeil de Howard Hawks, The Long goodbye est un régal seventies, une variation audacieuse et volontiers iconoclaste, très marquée par la contre-culture américaine de l'époque, sur les thèmes et les figures imposées du film noir, et plus précisément du film de détective privé, de « private eye ». Le Philip Marlowe post hippie campé par Elliot Gould restera dans les annales, cousin déglingué de celui immortalisé par Humphrey Bogart : anti-héros intégral, dépassé par les événements et par son temps, esclave consentant des exigences de son chat !
N'en déplaise aux puristes qui ont crié à la trahison, Altman et Leigh Brackett ont trouvé une traduction libre, moderne, mais au bout du compte très fidèle, du pessimisme assez radical de l'univers de Raymond Chandler : le film est noir, désenchanté, la violence y est rare mais impressionnante. Et on ne peut qu'être épaté par l'élégance, la fluidité de la mise en scène et la qualité de l'interprétation (génial Sterling Hayden !).
L'intrigue est complexe à souhait, pleine de situations équivoques et de personnages retors… En pleine nuit, Terry Lennox demande à son ami Philip Marlowe de le conduire de toute urgence au Mexique. Pas d'explications mais Marlowe accepte : les amis sont là pour ne pas poser de questions.
À son retour, la police l'attend. La femme de Lennox, Sylvia, a été retrouvée assassinée et Marlowe est soupçonné de complicité. Il est relâché lorsqu'on apprend que Terry s'est suicidé au Mexique, après avoir laissé une confession écrite. C'est plus que bizarre et ça s'obscurcit de plus belle quand le privé est engagé par la blonde et bourge Eileen Wade pour retrouver son mari, un écrivain alcoolique…