Après le magistral L'Exercice de l’État, c'est une autre plongée dans la pratique politique et l'exercice de la démocratie que nous offre Pierre Schoeller, confirmant son ambition et sa place à part dans le cinéma français actuel. Un peuple et son roi embrasse la Révolution française depuis la prise de la Bastille jusqu'à l'exécution de Louis XVI, soit quatre années ou presque qui ont amené par la révolte organisée à la mise à bas d'un ordre ancien, et que nous allons vivre entre la fièvre populaire et travailleuse du faubourg Saint-Martin et les lieux de la « grande Histoire » : Versailles, les Tuileries, l'Assemblée nationale, le Champ-de-Mars.
« La Révolution française est un moment unique dans l’Histoire. Deux cent cinquante ans plus tard, son écho est encore présent dans nos vies, nos sociétés, notre imaginaire. C’est dire qu’en faisant ce film, nous allons vers tout autre chose qu’une histoire passée, nous allons à la rencontre de femmes et d’hommes dont l’engagement, les espoirs ou les blessures, ont été d’une telle intensité qu’ils sont encore palpitants deux siècles plus tard.
« Avec Un peuple et son roi, j’ai voulu raconter une Révolution française loin des débats idéologiques, une révolution à hauteur d’hommes, d’enfants, et surtout de femmes. Les personnages féminins occupent une place centrale dans le récit. Je voulais également filmer la Révolution française sous l’angle de l’engagement populaire, du peuple des faubourgs.
« Le film est centré sur le destin politique du Roi. En 1789, il est le Père de la Nation, l’élu divin. En juin 1791, il fuit et est rattrapé. En septembre, il est maintenu chef de l’exécutif d’une monarchie constitutionnelle. L’été 1792, il est démis et emprisonné. L’automne, il est jugé pour trahison et crimes. L’hiver, il est condamné. Le 21 janvier 1793, sa tête tombe place de la Révolution.
« Au cours de ces trois années, tout un royaume bascule, tout un peuple conquiert sa souveraineté. Durant l’écriture, je me suis basé sur un usage constant et systématique des archives (toutes en consultation libre sur internet, en majorité sur le site BnF/Gallica). J’ai eu le bonheur de bénéficier de multiples conseils et de lectures détaillées du projet par cinq historiens : les français Arlette Farge, Sophie Wahnich, Guillaume Mazeau ; l’américain Timothy Tackett et l’italien Haïm Burstin… La finalité de cette recherche historique allait bien au-delà d’un souci d’exactitude. Tout en proposant l’incarnation des grandes journées révolutionnaires, j’ai cherché à y insuffler de la vie, de la chair. Un peuple et son roi est avant tout un film sur les émotions, les émotions d’un peuple entré en révolution. Je voulais que le spectateur garde en lui le sentiment d’avoir traversé une expérience unique, comme seule une révolution peut le procurer. Avec des visions, des grands discours, des rires au milieu des larmes. Des naissances, après le deuil. Des destins qui basculent en une parole. Des insurgés qui tombent le fusil à la main. Des conquêtes qui seront plus fortes que les blessures. »