Après les bas-fonds des quartiers new-yorkais (We Own the Night, Little Odessa) ou l’Amazonie (The Lost City of Z), James Gray nous emmène dans un futur proche aux confins de l’espace, jusqu’à Neptune, où un fils (Brad Pitt) est chargé de retrouver la mission disparue dirigée par son père (Tommy Lee Jones). Un grand film, à n’en pas douter.
Narration veloutée et triste, solitude de l’antihéros possiblement dépressif, espace déjà ruiné par les mêmes erreurs auxquelles les êtres humains essayaient d’échapper, plans superbement composés et d’une texture envoûtante (signés du grand directeur photo Hoyt Van Hoytema) : Ad Astra n’est pas de ces films que l’on consomme sans y réfléchir. Mais il est une grande œuvre de cinéma, parachevant le grand thème de son auteur (la relation au père, encore et toujours) tout en offrant à son patient public une récompense digne de ce nom : celle de le chambouler jusqu’au plus profond de son être, en nourrissant une approche spirituelle et dense sur ce que sont la survie, la solitude, le destin de l’humanité, en plus d’être un film superbe et douloureux sur le deuil.
Déjà cet été, en cascadeur nonchalant dans Once Upon a Time in Hollywood, l’acteur nous a rappelé pourquoi il est l’une des dernières stars de cinéma vivantes. Présence, charisme, minimalisme évocateur : Brad Pitt connaît la chanson. Mais dans Ad Astra, c’est encore une autre performance qu’il dessine. Subtil, complexe, laissant son visage refléter en quelques tressaillements une intériorité bouleversante, il est l’épine dorsale de ce film dont il exprime par sa seule silhouette l’idée forte : l’être humain seul ne survivra qu’en acceptant l’idée qu’il ne l’est jamais.