Taipei Story est le deuxième long-métrage d’Edward Yang, réalisateur phare du Nouveau Cinéma taïwanais avec son compatriote et proche collaborateur Hou Hsiao-hsien – également producteur, coscénariste et acteur principal du film. À travers l’histoire de la désintégration d’un couple, il dresse le portrait désenchanté d’un pays en proie à de profonds bouleversements, balançant constamment entre son passé et sa soif de modernité. La rupture dépeinte ici est celle d’une société encore empreinte de traditions avec une autre qui aspire à plus d’ouverture sur le monde – et sur l’Occident en particulier. Taipei Story montre ainsi toute une galerie de personnages qui essaient de trouver leur place dans ce nouveau schisme politique et sociétal. Edward Yang se rapproche à la fois d’un Ozu dans les thèmes choisis – disparition des valeurs traditionnelles et occidentalisation de la nouvelle génération – mais également d’un Antonioni dans sa peinture du modernisme, de l’incommunicabilité entre les hommes et de la solitude des villes. À l’inverse d’un Hou Hsiao-hsien qui excelle à dresser le portrait des campagnes taïwanaises, Edward Yang prouve qu’il est, lui, un grand cinéaste de la ville et de ses métamorphoses architecturales, reflets de l’évolution d’un pays en pleine transition. Un chef-d’œuvre du Nouveau Cinéma taïwanais, à découvrir pour la première fois au cinéma dans sa restauration 4K !
« Mon point de départ était essentiellement conceptuel. Je voulais raconter une histoire sur Taipei. Il y avait une démarche personnelle derrière cela : beaucoup de gens ont essayé de me coller une étiquette de "continental", celle d’un étranger qui serait contre Taïwan. Mais moi je me considère comme un type de Taipei, je ne suis pas contre Taïwan. Je suis pour Taipei. Je voulais inclure chaque élément de la ville, je me suis vraiment donné la peine de construire une histoire à partir de rien. Les deux personnages principaux représentent le passé et le futur de Taipei, et l’histoire porte sur la transition de l’un à l’autre. J’ai essayé de faire passer assez de controverses à l’écran pour que les spectateurs questionnent leur propre vie en voyant le film. » Edward Yang