Le Tout Nouveau Testament

Vous aimez ce film, notez le !
La note moyenne actuelle est de 14,00 pour 2 vote(s)
“Dieu existe. Il habite à Bruxelles. Il est odieux avec sa femme et sa fille. On a beaucoup parlé de son fils mais très peu de sa fille. Sa fille c'est moi. Je m'appelle Éa et j'ai dix ans. Pour me venger j'ai balancé par sms les dates de décès de tout le monde…”

Vos commentaires et critiques :

SPÉCIAL QUINZAINE DES RÉALISATEURS

Une comédie loufoque, véritable bouffée d'hilarité vivifiante pour attaquer la rentrée et chasser la morosité… Le bien que ça fait ! « Être la femme de Dieu, ça ne se refuse pas ! J'ai dit oui tout de suite sans même lire le scénario ! ». Sacrée Yolande Moreau ! Première nouvelle donc : Dieu, a une femme ! Seconde nouvelle : il a une fille ! Quelle bande d'affreux misogynes a pu oublier ces points de détails en écrivant l'ancien testament ? Puis le nouveau ! Misogynes et récidivistes, en plus ! D'ailleurs, les femmes ne courent pas les pages de la Bible, exceptées celles par qui le scandale arrive : Ève, qui nous a refilé un péché plus collant qu'un chewing-gum sous une semelle par temps de canicule… Marie, tombée en cloque par l'opération du Saint Esprit (c'est facile !)… Des pleureuses, des tentatrices, des traitresses, des pécheresses. À croire qu'ils cherchaient à enfoncer les nanas, nos bons apôtres ! À moins que ce ne soit le patron lui-même qui ait donné la consigne ? Maintenant qu'on a l'odieux tout puissant sous les yeux, on le devine ! Le gonze a tout l'air d'un phallocrate minable, belge et méchant ! Benoît Poelvoorde dans toute la splendeur du mari tyrannique de Yolande. Dans le genre couple divin détonnant, on ne peut guère imaginer pire ! Elle, avec sa tendre frimousse rêveuse, timidement effacée, lui diablement irascible, avec sa bedaine aux tablettes de chocolats dissoutes dans la bière, ramollie par des heures avachies devant la téloche et les matches de hockey sur glace… Si l'on peine à croire qu'il ait eu la finesse de créer l'univers et tout ce qui l'habite, on comprend mieux, puisqu'il a créé l'homme à son image, pourquoi l'humanité rencontre quelques problèmes… Faut le voir fulminer, tel un diable en cage d'immeuble, dans son appart trois pièces en haut d'une tour paumée à Bruxelles. Ses proches ne l'ont pas en odeur de sainteté. Pas étonnant que Jésus (JC pour les intimes) se soit tiré et que sa fille Éa, du haut de sa préadolescence, anticipe une rébellion salvatrice. Leur paternel est décidément un salopard qui passe son temps à torturer ses créatures, à leur envoyer les pires catastrophes sur la tronche et à jouir de leur malheur. Regardez le jubiler devant son ordi en rajoutant un nouvel article aux grandes tables de la Loi de l'Emmerdement Universel. La loi de Murphy ? C'est Lui ! La tartine qui tombe toujours du côté beurré ? C'est Lui ! La file d'à côté qui avance forcément plus vite. Un malheur qui n'arrive jamais seul… Toutes ces tracasseries quotidiennes qui nous enquiquinent, nous pourrissent la vie ? Ne cherchez pas, c'est Lui ! Éa, qui étouffe entre sa mère, éternelle soumise, et son paternel insupportable, va finir, sur les conseils de JC, par entrer en résistance et venir à la rescousse de tous ces humains malmenés. Pour commencer, elle envoie à chacun la date prévue de son décès. Vous n'imaginez pas le capharnaüm qui va en résulter ! Ensuite elle bloque l'unité centrale qui permet à son paternel de contrôler le monde. Pour couronner le tout, elle se fait la malle, partant à la recherche de ses propres disciples. La colère divine se déchaîne. Son daron furieux, qui ressemble de plus en plus à Jack Nicholson dans Shinning, se lance à ses trousses, lui promettant sournoisement de ne pas la punir… Menteur en plus !

Bref ce testament complètement déjanté revu à la sauce wallone est particulièrement réjouissant, jusqu'à prendre des allures de conte philosophique déluré dont la morale serait : croissez, multipliez-vous, embrassez, aimez qui vous voulez… La vie est courte et vous le rendra au centuple. Quant à la prestation hallucinante de la grande Catherine Deneuve qui semble interpréter une nouvelle version du Gare au gorille de Brassens… No comment. Il fallait oser !