Jimmy's Hall TP

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1932 - Après un exil de 10 ans aux États-Unis, Jimmy Gralton rentre au pays pour aider sa mère à s'occuper de la ferme familiale.
L'Irlande qu'il retrouve, une dizaine d'années après la guerre civile, s'est dotée d'un nouveau gouvernement. Tous les espoirs sont permis…
Suite aux sollicitations des jeunes du Comté de Leitrim, Jimmy, malgré sa réticence à provoquer ses vieux ennemis comme l'Église ou les propriétaires terriens, décide de rouvrir le « Hall », un foyer ouvert à tous où l'on se retrouve pour danser, étudier, ou discuter.
À nouveau, le succès est immédiat. Mais l'influence grandissante de Jimmy et ses idées progressistes ne sont toujours pas du goût de tout le monde au village. Les tensions refont surface.

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SPÉCIAL CANNES

Très vite les plus jeunes ne rêvent que d'une chose, supplient Jimmy : il faut qu'il réouvre le « Pearse-Connoly Hall », un petit dancing de campagne qui était bien plus que ça : une lueur d'espoir dans la nuit la plus sombre, un symbole de la résistance contre l'oppresseur, un havre où l'on se retrouvait pour danser certes, mais aussi pour échanger, pour réfléchir, pour étudier, pour organiser les luttes tous ensemble.
Jimmy a beau aspirer à une paix bien méritée, l'aventure est trop tentante. Chacun apporte sa pierre à l'édifice, ses anciens compagnons de combat, la charmante Oonagh qui aurait pu devenir sa compagne s'il ne s'était pas exilé… Le Hall sort de l'abandon et reprend vie, d'autant que les disques de jazz américains qu'il passe sur son gramophone stimulent la curiosité. Non seulement on y vient de loin pour faire la fête, mais le lieu devient vite une sorte de centre culturel alternatif, autogéré, vivant. La mère de Jimmy y installe une petite bibliothèque, l'une donne des cours de danse, l'autre de dessin, de théâtre… Ça devient un lieu d'apprentissage tout autant que de détente.
Et là, le curé du coin, le père Sheridan, dresse l'oreille, monte au créneau : l'éducation est la prérogative de la Sainte Église, ceux qui s'en mêlent indûment commettent un sacrilège ! Il sermonne les fidèles de sa paroisse, les exhorte à choisir entre le Christ et Gralton, à ne pas aller se trémousser sur des musiques venues de l'Afrique la plus noire et qui enflamment les passions ! La guerre est déclarée, obligeant chacun à choisir son camp. Celui de l'Église, tout comme des années auparavant, reste clairement du côté des nantis, de ceux qui n'hésitent pas à mettre à la rue des familles entières et ne vont pas hésiter à se lancer dans une vraie chasse aux sorcières !
C'est du vite dit, car on est loin de Don Camillo et Peppone, l'histoire, les personnages sont complexes, le cadre historique l'est aussi. Jimmy Gralton a vraiment existé et dérangé tellement que des archives nationales qui le concernaient ont été détruites. Garder la mémoire, c'est aussi un acte de résistance. Et les mots de celui qui réquisitionnait des fermes bien avant que le DAL n'existe résonnent malheureusement toujours avec justesse : « Ils veulent nous faire croire que notre pays est uni. Mais l'intérêt d'un enfant pauvre est-il le même que celui d'un gros propriétaire terrien qui exige des loyers exorbitants ? »
Avec ce film qu'il affirme être son dernier – on n'a pas du tout envie de le croire ! –, Ken Loach nous offre un vrai moment de bonheur, dosant judicieusement les moments de lutte et ceux de tendresse, de lyrisme aussi, les enrobant d'une joie communicative, composant une de ces fresques modestes dont il a le secret, qui donnent envie d'avancer, de ne jamais baisser les bras. Le cinéma de Ken Loach est depuis toujours celui du courage, du courage individuel qui engendre le courage collectif. C'est dans l'union, la solidarité, l'action que la peur se défile et qu'on peut se réapproprier le pain et les roses. L'important c'est avant tout d'oser. L'histoire de Jimmy est une ode à l'insoumission, aux rebelles de tous les pays, de toutes les époques, qui donne envie de rentrer dans la danse avec eux.