Un couple âgé entreprend un voyage à Tokyo pour rendre visite à ses enfants. D’abord accueillis avec les égards qui leur sont dûs, ils se rendent bientôt compte qu’ils dérangent. Seule Noriko, la veuve de leur fils mort à la guerre, trouve du temps à leur consacrer. Les enfants, quant à eux, se cotisent pour leur offrir un séjour dans la station thermale d’Atami, et se décharger ainsi de leur présence... Le film qui fit donc découvrir Ozu aux spectateurs français. Sublime de beauté tranquille, Voyage à Tokyo décrit, avec une calme émotion, comment le système familial japonais a commencé à se désintégrer. Magnifique. Ozu bâtit ses histoires et ses personnages avec minutie et parvient à toucher profondément le spectateur. Réunissant au sein d’une même famille l’ensemble de ses acteurs fidèles, le maître japonais livre là la quintessence de son œuvre. Plan après plan, le cinéaste prend le temps nécessaire pour faire ressentir l’inexorable : la vieillesse, l’éloignement, l’abandon des mœurs traditionnelles, la mort. La reconstitution admirable de la réalité à l’écran nous force à l’accepter comme s’il s’agissait de la vie elle-même. Bouleversant, Voyage à Tokyo reste l’une des œuvres les plus accessibles, les plus fascinantes et les plus abouties d’Ozu.