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Réalisateur mondialement connu depuis la sortie en salles de l'excellent deuxième opus de la trilogie Dans La Peau en 2004, Paul Greengrass est un metteur en scène fascinant, car on peut toujours compter sur lui pour offrir aux spectateurs des films d'action haletants et efficaces. Après un très bon Green Zone, Paul Greengrass revient sur le devant de la scène avec un film dont le scénario est inspiré par une histoire vraie. Captain Phillips revient sur l'abordage du navire Maersk Alabama par des pirates somaliens qui ne souhaitent qu'une chose : revenir chez eux avec de l'argent. Comme à son habitude, Paul Greengrass est armé de sa Shaky Cam favorite afin de faire vibrer le spectateur au moindre mouvement. Cette caméra n'est pas facile à manipuler et certains s'en sont mordu les doigts (Neil Blomkamp par exemple), mais lui sait ce qu'il fait. C'est grâce à un montage astucieux et à une utilisation de plans très courts que l'utilisation de cette caméra amplifie l'immersion du spectateur et le dynamisme de l'action. C'est astucieux pour rythmer une scène d'action si le montage est bon, mais c'est surtout très intelligent lorsque les plans filmés avec une Shaky Cam sont suivis par des plans larges filmés par hélicoptère. De ce fait, le spectateur est pleinement immergé dans l'action, mais possède également un point de vue aérien et global sur l'environnement principal.
Après une première heure de film très rythmé et vraiment excellente grâce à la réalisation de Paul Greengrass qui permet au film de conserver une tension permanente. Stressante et palpitante, cette première partie est suivie par une seconde partie qui elle possède la même durée, mais pas la même tension. Plus calme, celle-ci est un véritable huit-clos qui arrive à mettre le spectateur en empathie avec le personnage principal même si on regrette la présence de quelques longueurs. Moins pertinente, moins rythmée, mais surtout moins passionnante d'un point de vue scénaristique comme émotionnel, cette seconde partie tourne en rond et aurait mérité d'être écourtée. Malgré tout, le film s'en sort très bien avec un final imprévisible et frissonnant grâce à un lien assez fort qui a été créé entre le spectateur et le personnage principal. Si d'un point de vu scénario le film déçoit à cause de personnages secondaires inexploités et de situations laissées de coté, il reste deux personnages qui sont très bien écrits : le capitaine Phillips et Muse.
Le spectateur est en empathie avec le premier, car celui-ci est un homme ordinaire qui n'a rien de plus que son courage pour se défendre. Mais nous sommes également en empathie avec le second qui n'est pas mis en avant comme un pirate, mais plus comme une personne qui est contrainte à devoir piller pour survivre. Si ces personnages sont bien écrits, c'est à la fois la caméra de Paul Greengrass et l'interprétation des acteurs respectifs qui nous touche et leur offre un tel charisme. Interprété de manière brillante par un Tom Hanks au mieux de sa forme, le capitaine est un héros ordinaire qui émeut et qui nous prouve que l'homme peut-être bon. Complètement à l'opposé, la véritable révélation de ce film se nomme Barkhad Abdi. Méconnu de tous, il nous offre une prestation touchante et très convaincante. À noter la belle performance de Max Martini qui après Pacific Rim revient en force dans un rôle similaire. Très bon dans sa première heure grâce à une tension haletante à une réalisation de haute volée et un montage minutieux qui alterne plans serrés et plans aériens, le film s'essouffle peu à peu à cause de longueurs scénaristiques et de séquences qui auraient mérité d'être écourtées. On aurait également apprécié avoir une bande-sonore plus dynamique et soutenue afin d'offrir une autre ampleur aux scènes d'actions. Il en reste un film largement recommandable porté par un Tom Hanks impérial.