Nebraska

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Un vieil homme, persuadé qu'il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain..
Sa famille, inquiète de ce qu'elle perçoit comme le début d'une démence sénile, envisage de le placer en maison de retraite, mais un de ses deux fils se décide finalement à emmener son père en voiture chercher ce chèque auquel personne ne croit.
Pendant le voyage, le vieillard se blesse et l'équipée fait une étape forcée dans une petite ville en déclin du Nebraska. C'est là que le père est né. Épaulé par son fils, le vieil homme retrace les souvenirs de son enfance.
Rassurez-vous, c'est une comédie !
Tourné en noir et blanc à travers quatre Etats, le film reflète l'humeur et le rythme nonchalants de l'Amérique profonde.

Vos commentaires et critiques :

C'est l'histoire d'un têtu magnifique. Woody, un papy décrépit un brin hirsute, alcoolique faussement repenti, une tête de mule de la pire espèce ! Perd-il vraiment la boule ou joue-t-il la folie quand il s'agit d'échapper à sa chipie de vieille épouse, Kate ? Qui le sait ? En tous cas, elle et lui font la paire : la persifleuse et le presque mutique. Toute une vie passée ensemble à se supporter au-delà du supportable jusqu'à la retraite qui n'en finit pas de s'éterniser, sans surprise à attendre si ce n'est un beau jour celle de la camarde qui sonnera à la porte, comme il se doit…

Mais on n'en est pas là et faute de son arrivée, Kate, la rondouillette à la langue bien pendue, râle, s'épuise à courir derrière un Woody qui s'entête à vouloir parcourir 1500 kilomètres pour rejoindre la ville de Lincoln, dans le Nebraska. C'est là, rabâche-t-il, qu'on lui remettra l'argent qu'il a gagné. C'est ce que raconte ce fichu courrier reçu un matin, beau pour lui, mauvais pour son entourage qui depuis est obligé de le pister. Une lettre relue jusqu'à la connaître par cœur au grand étonnement de Kate qui s'exclame cyniquement : « J'ignorais qu'il pouvait encore mémoriser quelque chose ! » Tous ont beau lui répéter que c'est une de ces supercheries commerciales qui vous promettent monts et merveilles et ne sont que du vent… rien n'y fait !

Woody se croit futur millionnaire, trottinant derrière une chimère, fuguant dès que sa femme relâche sa vigilance. Et la police de cueillir le septuagénaire cheminant fragile le long d'une nationale gelée. Puis c'est au tour de son plus jeune fils, David, de le rattraper dans un quartier perdu. Le coup d'après, c'est son fils aîné, Ross, qui oublie ses airs suffisants de présentateur du JT pour mettre ses mains dans le cambouis et clouer irrémédiablement au sol la vieille guimbarde paternelle qui n'a pourtant pas roulé depuis dix ans, mais sait-on jamais ? Woody est si borné ! À force d'épuiser les uns et les autres, c'est un placement dans une maison de retraite qui lui pend au nez. Jusqu'au jour où, étrangement, David décide de rentrer dans le jeu de ce père qui l'a pourtant si mal élevé et de l'accompagner au bout de sa quête. D'abord parce qu'il caresse l'espoir qu'une fois la supercherie constatée, son vieux s'apaisera, que tout retournera dans l'ordre. Ensuite il est tentant de fuir quelques jours cette vie merdique, coincée entre un travail pas très exaltant et le fiasco d'une vie sentimentale sans piment. Sans doute perçoit-il à quart de mot chez son père le même désir d'évasion que le sien, l'envie de retrouver des raisons de vivre.

De petite fugue en petite escapade, l'histoire va donc se transformer en un beau road-movie tour à tour drôle, subtil, espiègle. Car le Nebraska, en plus d'être pour Woody un faux eldorado, est aussi et avant tout un lieu de naissance : la sienne, celle de Kate, de leurs amours, de son alcoolisme… Dès lors on se doute que nos père et fils découvriront en bout de course tout autre chose que ce qu'ils avaient d'abord imaginé. Voyage peuplé de souvenirs, de gueules formidables, de portraits de rustres hauts en couleurs. Nebraska dessine finement les traits d'une Amérique rurale qui ne sort pas indemne de la crise qu'on devine en filigrane. Tout comme David, comment ne pas se sentir transporté, presque malgré soi, dans le rêve de Woody ? Tout y contribue : l'interprétation des acteurs (particulièrement celle de Bruce Dern, sobre et précise), les prises de vues impeccables, leur nostalgie de noir et blanc vêtue, la musique qui vous enlace, envoûtante telle une berceuse. C'est fichtrement juste et pertinent, sans doute parce que le réalisateur lui-même est originaire de là-bas ; et s'il égratigne parfois ses semblables, c'est avec une infinie tendresse.

C'est l'histoire d'un têtu magnifique. Woody, un papy décrépit un brin hirsute, alcoolique faussement repenti, une tête de mule de la pire espèce ! Perd-il vraiment la boule ou joue-t-il la folie quand il s'agit d'échapper à sa chipie de vieille épouse, Kate ? Qui le sait ? En tous cas, elle et lui font la paire : la persifleuse et le presque mutique. Toute une vie passée ensemble à se supporter au-delà du supportable jusqu'à la retraite qui n'en finit pas de s'éterniser, sans surprise à attendre si ce n'est un beau jour celle de la camarde qui sonnera à la porte, comme il se doit…

Mais on n'en est pas là et faute de son arrivée, Kate, la rondouillette à la langue bien pendue, râle, s'épuise à courir derrière un Woody qui s'entête à vouloir parcourir 1500 kilomètres pour rejoindre la ville de Lincoln, dans le Nebraska. C'est là, rabâche-t-il, qu'on lui remettra l'argent qu'il a gagné. C'est ce que raconte ce fichu courrier reçu un matin, beau pour lui, mauvais pour son entourage qui depuis est obligé de le pister. Une lettre relue jusqu'à la connaître par cœur au grand étonnement de Kate qui s'exclame cyniquement : « J'ignorais qu'il pouvait encore mémoriser quelque chose ! » Tous ont beau lui répéter que c'est une de ces supercheries commerciales qui vous promettent monts et merveilles et ne sont que du vent… rien n'y fait !

Woody se croit futur millionnaire, trottinant derrière une chimère, fuguant dès que sa femme relâche sa vigilance. Et la police de cueillir le septuagénaire cheminant fragile le long d'une nationale gelée. Puis c'est au tour de son plus jeune fils, David, de le rattraper dans un quartier perdu. Le coup d'après, c'est son fils aîné, Ross, qui oublie ses airs suffisants de présentateur du JT pour mettre ses mains dans le cambouis et clouer irrémédiablement au sol la vieille guimbarde paternelle qui n'a pourtant pas roulé depuis dix ans, mais sait-on jamais ? Woody est si borné ! À force d'épuiser les uns et les autres, c'est un placement dans une maison de retraite qui lui pend au nez. Jusqu'au jour où, étrangement, David décide de rentrer dans le jeu de ce père qui l'a pourtant si mal élevé et de l'accompagner au bout de sa quête. D'abord parce qu'il caresse l'espoir qu'une fois la supercherie constatée, son vieux s'apaisera, que tout retournera dans l'ordre. Ensuite il est tentant de fuir quelques jours cette vie merdique, coincée entre un travail pas très exaltant et le fiasco d'une vie sentimentale sans piment. Sans doute perçoit-il à quart de mot chez son père le même désir d'évasion que le sien, l'envie de retrouver des raisons de vivre.

De petite fugue en petite escapade, l'histoire va donc se transformer en un beau road-movie tour à tour drôle, subtil, espiègle. Car le Nebraska, en plus d'être pour Woody un faux eldorado, est aussi et avant tout un lieu de naissance : la sienne, celle de Kate, de leurs amours, de son alcoolisme… Dès lors on se doute que nos père et fils découvriront en bout de course tout autre chose que ce qu'ils avaient d'abord imaginé. Voyage peuplé de souvenirs, de gueules formidables, de portraits de rustres hauts en couleurs. Nebraska dessine finement les traits d'une Amérique rurale qui ne sort pas indemne de la crise qu'on devine en filigrane. Tout comme David, comment ne pas se sentir transporté, presque malgré soi, dans le rêve de Woody ? Tout y contribue : l'interprétation des acteurs (particulièrement celle de Bruce Dern, sobre et précise), les prises de vues impeccables, leur nostalgie de noir et blanc vêtue, la musique qui vous enlace, envoûtante telle une berceuse. C'est fichtrement juste et pertinent, sans doute parce que le réalisateur lui-même est originaire de là-bas ; et s'il égratigne parfois ses semblables, c'est avec une infinie tendresse.