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Ce n'est pas le meilleur ni le pire. Comme la franchise nous a offert deux œuvres spectaculaires (Casino royal et Skyfall) au cours des dernières années, elle nous a amenés à critiquer plus sévèrement les productions subséquentes. On retrouve dans Spectre les classiques de l'univers de James bond; de belles voitures, de belles femmes, des jouets technologiques, des cascades spectaculaires et un agent secret charismatique. Mais, en voulant respecter ces préceptes instaurés par les opus précédents, on en vient presque à la caricature. La scène avec Monica Bellucci frôle la dérision et nous fait remettre en doute cette détermination aveugle d'honorer le modèle. Daniel Craig est ici moins convaincant qu'il l'a été par le passé. On sait qu'il n'avait peut-être pas nécessairement envie de remettre les habits de l'agent 007 pour une quatrième fois, mais que son contrat l'en obligeait, mais nous avions espéré que ce désintérêt ne transparaisse pas à l'écran. Malheureusement, bien qu'il possède toujours le charisme du personnage, il est moins persuasif qu'il l'a déjà été. Léa Seydoux interprète, pour sa part, une Bond Girl « nouvelle génération » (celle qui savent se battre et manier les armes à feu) des plus éloquentes, bien que sa relation amoureuse avec l'agent 007 frise, elle aussi, la satire. En ce qui concerne Christoph Waltz, il n'est pas tout à fait le méchant qu'on aurait espéré. Depuis sa prestation magistrale dans Inglourious Basterds (rôle qui lui a d'ailleurs valu un Oscar) tout Hollywood se l'arrache pour jouer le vilain, mais il a été si présent ces dernières années dans le paysage cinématographique (et presque toujours pour un rôle similaire) que l'essoufflement se fait lentement ressentir.
Sam Mendes, de retour pour une seconde fois derrière la caméra, s'acquitte avec brio de sa tâche, sans surprise. Le plan-séquence lors de la scène d'ouverture - en plein cœur de la fête des Morts au Mexique - marque le spectateur dès les premières minutes. Sa caméra nerveuse nous plonge dans une atmosphère de tension alors que l'agent 007 tente d'intercepter un terroriste dans les rues bondées de Mexico. Le générique d'ouverture est généralement un incontournable dans les films de James Bond, mais celui-ci laisse à désirer. Les tentacules d'une pieuvre (symbole de l'organisation Spectre) qui s'enroulent autour de différentes choses dont un fusil et des corps, des femmes à moitié nues qui caressent le torse de Craig et des portraits de personnages issus du passé de Bond, dont Le Chiffre et M; un montage étrange, qui nous laisse perplexes.
Spectre s'efforce d'ailleurs de faire de nombreux liens avec les chapitres précédents, certains sont grossiers, mais plusieurs apportent une unité nécessaire à l'évolution de l'histoire globale. L'humour est aussi l'un des points forts de la production. Bien qu'à certains moments on pousse légèrement la note de la comédie, plusieurs clins d'œil et répliques savoureuses désarçonnent le spectateur de manière positive.