Vortex

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La vie est une courte fête qui sera vite oubliée.

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Festival de Cannes 2021 : hors compétition

 La vieillesse est un naufrage

Primé à la Semaine de la critique pour Carne en 1991 et Seul contre tous en 1998, Gaspar Noé a présenté en séance de minuit Irréversible en 2002, Love en 2015 et Lux Æterna en 2019, Climax à la Quinzaine en 2018 et Enter the Void en compétition en 2009. Sélectionné in extremis à Cannes, son nouvel opus s’attache à la vie quotidienne d’un couple vieillissant qui va peu à peu perdre pied avec la réalité qui l’entoure, malgré les efforts désespérés de son fils unique interprété par Alex Lutz, vu récemment dans 5ème set. Le réalisateur applique à ce propos un dispositif rigoureux basé sur la juxtaposition de deux écrans au format carré qui restent focalisés en permanence sur ses deux protagonistes principaux qu’incarnent le réalisateur italien culte Dario Argento (l’une des idoles de Noé) et la comédienne Françoise Lebrun, associée pour l’éternité au Festival de Cannes où La maman et la putain de Jean Eustache a obtenu le grand prix du jury en 1973. On la verra prochainement dans Petite fleur de Santiago Mitre. Vortex est éclairé par le chef opérateur belge Benoît Debie, qui a obtenu le prix de la meilleure photo à Sundance pour Joshua de George Ratliff, le prix du jury Camerimage 2015 de la meilleure photo 3D pour Love et un César pour Les frères Sisters de Jacques Audiard en 2019. C’est Wild Bunch qui distribuera le film et qui en gère les ventes internationales.

 

 

La fin de vie avant le vide : Enter the void, treize ans après. Dans ce dernier, Oscar est tué soudainement. Ici, Françoise Lebrun et Dario Argento forment un couple qui s'approche lentement mais sûrement de la Mort. La vieillesse, une extinction à petit feu avec ses distorsions cognitives... Pour eux, le temps cessera bientôt de s'écouler – l’inéluctabilité de nos existences est un thème récurrent chez Gaspar Noé. Dans la forme, les scènes s'étirent pour mieux rendre compte de la dégradation psychique. Ces deux octogénaires ont vieilli ensemble, dans leur appartement rempli de livres, de meubles, d'affaires diverses et de souvenirs de leur vie commune. Un couple d'autant plus chargé d'histoires qu'il est interprété par l'actrice de La maman et la putain et le réalisateur de Suspiria, deux films particulièrement marquants pour le cinéaste. Deux parents se retrouvent désemparés face à cette décomposition, leur fils désaxé ne sait comment les aider et leur petit-fils est le témoin médusé de ce qu'il ne peut pas encore comprendre. Avec son minimalisme et sa concision, Gaspar Noé ne cherche pas à psychologiser une situation dont il saisit pourtant admirablement la complexité. Il nous livre des images simplement et fortement incisives, empreintes d'une profonde empathie pour ses personnages, leurs travers et leurs fragilités. Il prend soin – comme à son habitude – de révéler frontalement la beauté violente des choses, conscient qu'un fait est consubstantiel à son opposé. Il nous renvoie à notre propre vulnérabilité : par sa justesse, Vortex nous questionne souvent sur notre propre existence, sur notre rapport à nos proches, sur notre conception de la mort. S'il croit en l'infini de nos affections, Gaspar Noé nous rappelle superbement que l'on est bien peu de choses.