L’île de Goto est la dernière île d’un archipel englouti par un tremblement de terre. Son gouverneur y fait régner sur les lieux un climat concentrationnaire tandis que son épouse, Glossia, veut s’enfuir avec Gono, un bel officier. Mais Grozo, serviteur transi d’amour pour Glossia, bouleverse tous leurs projets. Borowczyk nous immerge dans un univers inventé de toutes pièces à nul autre pareil à l’esthétique tour à tour glacée, lyrique (le visage en larmes inoubliable de Ligia Branice, femme et muse de Boro) et surréaliste. Le film a obtenu le prix Georges Sadoul en 1968.
Bric-à-brac
Goto, machinerie pénitentiaire, objet à tiroirs, pièce à fonctionnement, outil de remise, manuscrit d’enfer, écrou perdu, membre autonome, orage magnétique, caillou, nous est livré sans mode d’emploi comme une page détachée du catalogue d’armes et cycles. On peut en retrouver l’usage historique, immémorial, le tenir dans sa paume comme une pomme qu’on se contentera de regarder, se perdre à l’intérieur comme un Ulysse sidéral, ou le démonter pendant quatre cents ans avec un tournevis. C’est un film qui vous laisse entièrement libre de votre choix, et aussi de votre emploi du temps, un film qui a repris sa liberté, et donne à la notion de spectacle quelque chose de vétuste et de puéril, avec ce que ces mots peuvent contenir de marge inappréciable. » Robert Benayoun, « Les Volets de fer de Boro-Boro ».